Churchill et Hitler : le jour où ils ont failli se rencontrer

[Photos] Ce 20 septembre, France 3 diffuse Hitler et Churchill : le combat de l’aigle et du lion. Le dictateur allemand et le premier ministre anglais se sont-ils rencontrés ?

La scène se passe le 30 août 1932, à Munich. Ce jour-là, Winston Churchill, exilé amer de la sphère politique, mais observateur incomparable d’un monde et d’une Europe en crises, se trouve dans la capitale bavaroise pour un travail qui lui est cher. Accompagné de son épouse Clémentine, il visite le lieu des exploits militaires passés de son ancêtre, le duc de Malborough, dont il est en train d’écrire la biographie.

Dans six mois, Adolf Hitler sera le chef tout puissant d’une Allemagne à sa botte. En attendant, il est candidat déclaré à la présidence d’une république vacillante. Les élections législatives qui vont le porter au pouvoir auront lieu en novembre. Mais, aux yeux des dirigeants de la planète, il est un agitateur d’extrême-droite qui fit, jadis, de la prison. Autant dire un pestiféré. Aussi, l’un de ses hommes de confiance, responsable de ses relations avec la presse, Ernst « Putzi » Hanfstaengl, entend-t-il lui présenter l’ancien ministre britannique qu’est Churchill. La rencontre d’Hitler avec un dignitaire anglais ne serait-elle pas une première étape vers la respectabilité ? Par chance pour Hanfstaengl, les deux hommes sont au même moment à Munich. Il se précipite alors pour rencontrer Churchill à son hôtel.

Le poison de l’antisémitisme

Ce dernier est l’un des premiers responsables européens à avoir lu « Mein Kampf », lors de sa publication. Très tôt, il mesure la combativité du dictateur en puissance. Plus encore, il redoute le réarmement d’une Allemagne qui n’a jamais accepté les conditions de sa défaite en 1918. Si Churchill est un fervent anticommuniste, il tient à l’équilibre des forces en Europe et sait qu’une Allemagne à la merci d’un belliciste serait une bombe à retardement pour tout le continent. Mais il ne rejette pas la requête de Hanfstaengl ; au fond, Churchill est curieux de rencontrer, et jauger, Hitler. Aussi ne heurte-t-il pas son interlocuteur sur le combat idéologique que mène son maître. Mais il émet, tout de même, de fortes réserves sur la question raciale. Partageant certains préjugés des hommes de son temps, Churchill n’était toutefois pas antisémite. Placer les juifs au centre d’un combat politique lui semblerait absurde et dangereux, voire même fou.

Le mépris de Hitler, l’ironie de Churchill

Quand Hanfstaengl se rend auprès d’Hitler pour l’enjoindre d’aller retrouver Churchill afin de prendre le café avec lui à son hôtel, il se heurte au mépris hautain du futur führer. Ce dernier invoque le fait de ne pas être rasé et d’être trop occupé. « Et puis, ajoute Hitler, Churchill est francophile, se dit dans l’opposition mais personne ne prête plus attention à lui ! » Quand Hanfstaengl lui fait valoir qu’il est aussi mis à l’écart, son chef se montre agacé. Mais quand il lui fait part des propos tenus par Churchill sur son antisémitisme, Hitler explose : hors de question qu’il converse avec un homme le contestant, de prime abord, sur ce point essentiel de son idéologie.

Winston Churchill et Adolf Hitler ne se croiseront jamais. Huit ans plus tard, alors que l’Anglais sera revenu au pouvoir, ils deviendront les ennemis les plus acharnés que la terre ait porté. Rappelant dans ses mémoires cet épisode de 1932, le chef de la résistance anglaise écrira sobrement, avec la pointe d’ironie qui le caractérisait : « C’est ainsi qu’Hitler perdit son unique chance de me rencontrer. »

Diaporama : Sandric Vasseur

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