Leïla Kaddour :  »Cette histoire de diversité, c’est l’excuse des perdants »

INTERVIEW – Joker de Laurent Delahousse aux JT de France 2 à 13 h et 20 h depuis un an et présentatrice de Culturebox sur Franceinfo, la journaliste de 37 ans poursuit son apprentissage avec sérénité.

Il y a un an, vous nous disiez que présenter le 20h, c’était comme « rencontrer ses beaux-parents ». Maintenant, c’est bon, vous faites partie de la famille ?

On n’a qu’une seule occasion de faire une première bonne impression, et j’ai la sensation d’y être arrivée. Au fil de la saison, je me suis libérée. Je ne suis pas celle qui incarne le personnage de la présentatrice de JT, je suis moi. Et ça fait vraiment chaud au cœur d’entendre que les gens ont plaisir à me retrouver.

Est-ce qu’il n’y a pas une frustration à être joker ?

Certainement pas ! C’est du caviar d’être joker de Laurent Delahousse, tous les contacts avec lui sont bienveillants, agréables, en parfaite harmonie. Et puis, je suis à la fois joker et titulaire, puisque j’hérite du 13h du week-end à partir de la rentrée. Ça me convient, ça me laisse le temps de grandir avec cette équipe.

Surtout, ça vous laisse le temps d’étancher votre soif de culture…

Je ressens un besoin physique de lire, d’écouter, de voir… J’ai trouvé dans la culture une sorte d’élixir qui m’aide à me sentir mieux. Et puis la culture, c’est dans ma vie, c’était d’ailleurs dans une certaine mesure mon premier métier, enseignante de lettres. Ça fait partie de mon ADN. Si j’ai un jour l’occasion de le faire partager au plus grand nombre à la télévision, je serais ravie. Ça aurait pu se faire la saison dernière, mais France 2 a finalement décidé de lancer Stupéfiant! ... J’étais prête pour cette case, mais les choses viendront. Je ne suis pas dans l’aigreur.

« J’imagine la blessure de David Pujadas »

Vous avez été surprise par le départ de David Pujadas ?

Je l’ai appris comme tout le monde. Quand les audiences marchent, on se sent protégé, mais cet épisode nous rappelle que nous ne sommes que des incarnations. Il faut l’accepter. Quand on commence, il faut garder à l’esprit que ça peut s’arrêter. C’est hélas aussi le quotidien de plein de personnes. Même si j’imagine la blessure de David Pujadas, je sais surtout qu’il a un énorme talent et qu’il saura continuer à exercer son métier qui lui est chevillé au corps !

La diversité à la télévision, c’est toujours un sujet ?

C’est un vieil argument détourné pour dénigrer les compétences des gens. Certains voient en moi un patronyme exotique, ou une femme, ou une couleur de peau… on vous résume à ça et ainsi on cherche à remettre en question vos qualités professionnelles. Cette histoire de diversité, au fond, c’est souvent l’excuse des perdants.

Pourtant, c’est l’ambition affichée de Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions… 

Parce qu’il y a encore un travail de pédagogie à faire. De ce point de vue, la présidence de Delphine Ernotte est capitale, engagée… Elle est post-moderne ! Elle va chercher les compétences partout, pas uniquement chez ceux qu’on avait l’habitude de recruter.

 

Article précédentÉvènement : Agoramania, l’exposition gratuite du Maif Social Club
Article suivantÉvènement : L’expo Babylone de Laurent Perbos à la Galerie Baudoin Lebon