Thomas Pesquet : portrait du petit prince de l’espace

PORTRAIT – Dixième Français à être parti dans l’espace, Thomas Pesquet est désormais une star au firmament. Itinéraire d’un spationaute qui sait garder les pieds sur terre, aussi raconté dans L’Odyssée de l’espace, dimanche 24 septembre à 23 h 45 sur France 2.

Je suis un homme ordinaire, qui va vivre des choses extraordinaires », a-t-il maintes fois répété avant de se glisser dans la capsule Soyouz le 17 novembre dernier et de s’envoler pour un vol direct vers la Station spatiale internationale. Thomas Pesquet, 39 ans, visage de poupon, peut se targuer d’être le dixième français qui a pu passer du temps en orbite à 400 km de la Terre. Et ses 196 jours là-haut ont suffi à faire de lui une sorte de star, coqueluche de nos gosses et fierté hexagonale. Sans doute parce qu’il a su comme personne communiquer autour de sa mission via des duplex à la télévision – il est même intervenu dans les Enfoirés – mais surtout grâce à des clichés de notre planète bleue diffusés quotidiennement sur les réseaux sociaux dont il en publie certains dans 100 Photos pour la liberté de la presse* – lire encadré.

Le sens de la communication

Aujourd’hui, il est suivi par 1,3 million de fans sur Facebook, 445 000 sur Instagram et 697 000 sur Twitter. On a presque tout su de son quotidien à bord, partagé l’entretien de la station avec ses cinq autres coéquipiers, dont une femme, beaucoup de sport ; les repas lyophilisés, l’eau potable obtenue avec le pipi recyclé et les toilettes à 20 millions de dollars – une sorte d’aspirateur du 3e type… Autant d’informations anecdotiques qui ne doivent pas faire oublier les très sérieuses missions scientifiques (effets de l’apesanteur sur son corps via un suivi médical particulièrement étroit, recherche sur la physique des fluides… ) effectuées à bord.

Parcours sans faute

Ce voyage spatial est bel et bien l’accomplissement d’un rêve que le jeune Thomas caresse depuis l’enfance. Tout gosse, ce fils de prof de maths-physique et d’une institutrice né à Rouen se construit des navettes de fortune dans des cartons. L’élève modèle s’offre ensuite un parcours sans faute : bac scientifique, SupAéro Toulouse… avant d’intégrer le Centre national d’études spatiales (CNES) et de devenir pilote pour Air France puis instructeur sur l’A320. C’est une campagne de recrutement de l’Agence spatiale européenne qui lui offre l’opportunité de sa vie. Le voilà sélectionné en mai 2009 parmi 8 413 postulants.

Un Loft puissance 10

Ses qualités physiques de sportif confirmé – il est ceinture noire de judo, il a même pris sa ceinture dans l’espace – ont sans doute compté. Tout autant que son aisance de polyglotte (français, anglais, allemand, espagnol, russe et un peu de chinois), sa force mentale et sa patience. « On est choisi aussi pour sa capacité à supporter la promiscuité. La station spatiale, c’est une sorte de Loft puissance 10, nous a-t-il confié, amusé, lors de la présentation de son livre. J’ai la chance d’avoir un tempérament calme. » Sept ans d’entraînement lui ont été nécessaires pour aller tutoyer les étoiles avec des stages de survie dans des fournaises ou l’hiver sibérien qui font passer Koh-Lanta pour une promenade de santé.

Retour à la vie de famille

Depuis son retour, s’il a pris 3 cm – c’est un des effets de ces mois en apesanteur -, l’astronaute assure ne pas connaître le blues de l’espace. Peut-être parce qu’il a retrouvé sa moitié Anne Mottet. Polytechnicienne, elle est ingénieur à la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), basée à Rome. Cet été, ils se sont offerts des vacances en amoureux. « Je vais certainement l’emmener dans un des endroits que j’ai admirés là-haut : les Bahamas, avec ce camaïeu de bleus, l’Australie ou encore l’Afrique de l’est », promettait-il. Des enfants ? Ils en auront peut-être un jour. Ce fou de Saint-Exupéry – il avait emporté l’intégrale de l’auteur dans l’ISS – n’a pas le temps de se faire dessiner des moutons. Il n’a qu’un seul dessein : repartir au plus vite dans l’espace !

*En partenariat avec RSF, 9,90 €.

**Elle, août 2017.

« J’espère déclencher une pris de conscience écologique »

Pourquoi avoir choisi Reporters sans frontière pour diffuser vos clichés pris dans l’espace ?

Thomas Pesquet : Parce que ce passe-temps ressemblait à une démarche journalistique. Derrière beaucoup de photos, il y avait un message. On y voit la surexploitation par les hommes de leur environnement… J’espère déclencher une prise de conscience écologique. J’ai vu la fragilité de l’atmosphère. Je n’ai pas pu faire une image de Pékin à cause de la pollution.

Quelle est la photo que vous préférez ?

Une de l’Europe la nuit avec une aurore boréale et l’image de la Terre. On ne se rend pas compte mais notre planète luit, une lueur bleutée phosphorescente impossible à photographier. C’est de toute beauté.

Depuis votre retour sur terre, justement, vous êtes devenu une star. Comment le vivez-vous ?

Je suis surpris. Ça me fait juste bizarre quand je suis au rayon yaourts d’une grande surface et qu’on me demande si c’est bien moi Thomas Pesquet ! (Il sourit.)

Cela ne vous fait pas un grand vide de retrouver la pesanteur ?

C’est sûr, j’ai perdu mes pouvoirs de super-héros. Je ne peux notamment plus soulever sans effort des charges très lourdes comme en apesanteur.

Engagé pour l’écologie, pédago, populaire…Un engagement politique à la Nicolas Hulot vous intéresserait ?

Pas pour l’instant. Je reste à l’Agence spatiale européenne. Je ne suis pas sûr d’avoir la fibre politique. Mais qui sait ?

Vous n’avez pas été contacté par les équipes d’Emmanuel Macron ?

(Il rit.) Non, pas encore !

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